Hey, DUDH!

Pour une école qui aspire à être autre chose qu'un lieu de gardiennage ou de bachotage, les questions liées aux droits de la personne doivent être au centre de nos préoccupations. Longtemps après avoir oublié des faits éphémères et des formules ésotériques, vous garderez toujours de votre passage à l'ENSR la faculté d'aborder de nouveaux problèmes, de faire des choix intelligents, de faire bon usage de votre liberté.

C'est dans cet esprit que les maîtres et les maîtresses de l'Ecole ont décidé de célébrer avec éclat le 50e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

Munis de ladite Déclaration et d'une méditation sur les droits de l'enfant, nous nous sommes mis à réfléchir et à stimuler notre imagination afin que nos efforts de sensibilisation des élèves soient des plus fructueux. Un cours de latin sur les droits de l'individu? On parlera de l'esclavage, bien sûr. L'histoire suisse? Trop facile, malheureusement. Les comptes en déshérence sont sur toutes les lèvres. L'allemand? Le magazine alémanique d'Amnesty servira de support pédagogique. Et à la bibliothèque, l'exposition spéciale, composée de ressources mises à notre disposition par l'Unicef, l'ONU, le CICR (entre autres), devient un modeste centre de recherche pour profs et pour élèves.

Petit à petit l'Ecole a été gagnée par la fièvre DUDH. Ainsi, le matin du 10 décembre, parents, élèves, et enseignants étaient prêts à recevoir les hôtes qui allaient nous faire l'honneur de fêter avec nous cet anniversaire.

Et quels hôtes! Terre des hommes. L'Ecole instrument de paix. L'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT). MORIJA. L'Entraide protestante. L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (Osar). La Fondation vaudoise pour l'accueil des requérants d'asile dans le canton de Vaud (FAREAS). Médecins sans Frontières. Le Comité international de la Croix-Rouge. Amnesty International. Du collège au gymnase en passant par le pavillon, des jeux, des discussions, des rencontres avec de jeunes réfugiés, des séminaires et des stands d'information interpellaient la famille nouvellienne à une réflexion nourrie sur des atteintes aux droits de la personne et ce que nous pouvons faire pour les parer.

Mais la journée n'était pas que théorique. Les enfants du pavillon vendaient leurs chefs-d'oeuvre artisanaux, les élèves de la 7ème leurs biscuits et gâteaux, et ceux de la 10A leurs «plats de tous les pays»; tout ceci au bénéfice des oeuvres caritatives.

Il y avait également festin pour les yeux, car les murs du gymnase étaient tapissés de dessins, affiches et peintures, chacun ayant comme thème un article de la Déclaration ou de la méditation sur les droits de l'enfant. Les juges (car il s'agissait d'un concours, bien sûr) étaient aussi émerveillés par la beauté, l'audace, voire l'impertinence des oeuvres que l'étaient les camarades et les enseignants, au point qu'il fut impossible de se limiter aux trois prix prévus.

Pour clore les festivités, le «Bal DUDH». Organisé par des élèves du BI2, le but de ce bal du vendredi soir était double: la récolte de fonds pour une école au Viet-Nam, et le fun. L'objectif financier a été vite atteint, mais on avait peur - pendant une demi-heure - que la timidité naturelle de nos élèves, que leur réserve tant remarquée sur la place de Lausanne, ne les empêche de faire tapisserie à la salle à manger. Mais l'ambiance s'est peu à peu échauffée, et la grâce, l'allégresse, et le sens de rythme dont ils ont fait preuve ce soir-là ont fait douter à plus d'un observateur que les gymnasiens étaient vraiment aussi effacés qu'on ne l'imaginait. Le mouvement était roi.

Mais, si on tendait l'oreille, on pouvait entendre, ici et là, des discussions allègres sur les droits de l'individu.


home